Refusons le coup d'Etat électoral au Togo et dénonçons-le comme tel !
«Le temps arrive où
rester silencieux est une trahison » (Martin Luther King)
On nous prépare à accepter pour légitime le
Président issu de la mascarade électorale du 4 mars 2010 au Togo. Or
ce n'est un secret pour personne que le peuple togolais rejette la dictature en
place. Devons-nous accepter cette double forfaiture qui consiste d'une
part à priver le peuple Togolais du changement de régime qu'il a tant espéré
avec ces élections contrôlées par l'Europe et d'autre part de laisser entendre
que c'est lui-même qui a fait le choix de rester soumis à cette
dictature ?
Le régime ayant manifesté sa volonté de
rester au pouvoir y compris par la violence, les institutions nationale et
internationale avec l'aide d'un traitement médiatique semblent se préparer à
s'accommoder du coup d'état électoral : certains pour ne pas s'embarrasser d'un
nouveau problème, d'autres en se soumettant au chantage de la violence,
d'autres encore qui soutiennent la dictature.
Malgré ce qui semble se dessiner comme
inéluctable, devons-nous ajouter la lâcheté à l'impuissance ? Ce
n'est pas parce que nous nous sentons impuissants face à l'injustice qu'il faut
abandonner le peuple togolais. Non seulement ce serait faire injure au
peuple togolais de refuser notre solidarité mais surtout ce serait participer à
la validation des méthodes utilisées.
Même avec un
maquillage, le Togo reste une dictature
Pour qui s'intéresse un peu à ce pays, nous
savons tous par de multiples sources et témoignages que le peuple togolais
rejette massivement le Clan Gnassingbé déjà en 2005 mais aussi en 2010 avec la
même envie d'en finir avec la famille qui règne et pille le Togo depuis 43 ans
à la suite du coup d'Etat de 1963 contre Sylvanus Olympio, endossé par Eyadèma
Gnassingbé.
Compte tenu des évolutions de mentalité tant
interne que de l'opinion publique, les méthodes utilisées pour justifier les
coopérations avec les dictateurs nécessitent la mise en place de procédures électorales
sensées instaurer la démocratie. La dernière astuce inventée est la
commission électorale dite ォ indépendante サ.
Les Togolais
veulent massivement se débarrasser du clan Gnassingbé
Fin janvier, le parti au pouvoir avec un
bilan catastrophique de 43 ans de règne ne venait qu'en troisième position et
quelques semaines plus tard, après quelques promesses et beaucoup de manoeuvres
dilatoires permettant la fraude électorale massive (dénoncée par tous les
observateurs tant des ONG que par ceux de l'Union Européenne ), ce même parti
arrive en t^te avec 60% des voix : de qui se moque-t- on ?
On ne sait pas encore tout sur les méthodes
utilisées mais rien qu'à lire les premières constatations des
observateurs européens ou la lettre de Kofi Yamgnane du 12 mars 2010, il y a
bien plus qu’il n’en faut pour invalider ce scrutin et refuser de reconnaître
le régime en place.
La famille régnante et le petit cercle de
militaires qui tiennent le pays ont montré à plusieurs reprises qu'ils étaient
prêts à massacrer la population en cas de contestation. Elle a encore
montré qu'elle n'hésiterait pas à utiliser la force. Elle fait régner un
climat de terreur à l'intérieur du pays.
Pourtant par sa présence massive au meeting
autant de Kofi Yamgnane dans le Nord du Pays, fief des militaires au pouvoir
qu'au Sud plus peuplé ou l'opposition a toujours été majoritaire, le peuple a
montré qu'il était prêt à braver la violence de la dictature.
Que les vrais gagnants de l'élection, afin
d'éviter un bain de sang n'appellent pas au soulèvement rebelle (jusqu’à
quand ?) rend compte de leur responsabilité et de l'amour qu'ils ont pour
le peuple.
Que le pouvoir aille jusqu’à détruire les
preuves de sa défaite au QG de l’opposition montre que s'il n'a aucune honte à
massacrer sa population, il a peur du jugement de ses maîtres qui lui ont passé
commande d'apparaître comme légitime.
Le
comportement des institutions et des médias : soumission au chantage ou
complicité
Le pouvoir s'étant donné les moyens de
réprimer toute contestation, le comportement des médias peut s'expliquer par le
souhait de ne pas envenimer la situation en incitant le peuple à se
soulever. Savent-ils qu'ils deviennent ainsi complices de la mascarade
électorale ?
L'Europe a mis de gros moyens pour surveiller
la régularité des élections. L’opinion admettra-t- elle que cette Europe
s'est faite manipuler par le pouvoir en place comme elle l'a exprimé à
plusieurs reprises ou alors considèrera-t-elle que c’est le résultat admis à
l’avance ? A-t-elle mis ces moyens pour pouvoir finalement confirmer
le pouvoir, après un temps de latence destiné à faire accepter le fait acquis
ou s'est-elle engagée sincèrement? Sa crédibilité dans sa volonté démocratique
est en jeu.
Il en est de même pour l'Etat français qui a
par contre donné des moyens techniques de la répression et qui également, par
le passé, a reconnu ce régime en parfaite connaissance de sa nature.
On comprend également l'attitude des Etat
voisins. Certains ne souhaitent pas une évolution démocratique du Togo
qui par contagion pourrait leur être fatale. D'autres se soumettent au
chantage et sont aussi non désireux de voir s'agrandir des camps de réfugiés
sur leur sol. Enfin, les faits passés ont aussi montré que certains d’entre eux
constituent tout simplement des caisses de résonance avant-coureur de Paris.
Devons-nous
nous soumettre à ce chantage et abandonner le peuple togolais ?
Mais nous qui sommes hors de portée des
fusils, devons-nous rester muets ? Même si nos protestations ne
suffisaient pas à elles seules à renverser la situation. Ce qui est d’ailleurs
loin d'être prouvé car, rappelons-nous en effet, le précédent de l'Afrique du
Sud où la solidarité des progressistes du monde entier a été un soutien
précieux à la lutte des Africains pour mettre fin à l'apartheid.
Des
pistes pour l'action
Défendre les togolais aujourd'hui, c'est
aussi lutter contre les reculs démocratiques ici et partout dans le monde :
refusons ce coup d'Etat électoral et dénonçons-le comme tel.
-Soutenons le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) dans ses démarches pour une vraie transition démocratique au Togo
-Faisons des actions de lobbying auprès de l'opinion publique, de l'Europe et de l'Etat français pour ne pas reconnaître le régime togolais.
-Appuyons toute action juridique contre les dirigeants
issus de ce coup d'Etat.
Jean-Paul Vanhoove
Membre du Parti Communiste Francais